T. 11 Norme Ortographique Resumido

THÈME 11: SYSTÈME PHONOLOGIQUE ET NORME ORTHOGRAPHIQUE 0.- INTRODUCTION I.- HISTOIRE DE L’ORTHOGRAPHE 1. Origines 2. A

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THÈME 11: SYSTÈME PHONOLOGIQUE ET NORME ORTHOGRAPHIQUE

0.- INTRODUCTION

I.- HISTOIRE DE L’ORTHOGRAPHE 1. Origines 2. Adoption de l’alphabet latin 3. Apogée de l’orthographe française 4. Les patriciens II.- LA FIXATION DE L’ORTHOGRAPHE

III.- L’ÉTAT PRÉSENT DE L’ORTHOGRAPHE 1. La réforme de l’orthographe IV.-SYSTÈME PHONOLOGIQUE ET GRAPHIQUE 1. Les voyelles 2. Les consonnes 3. Les letters muettes 4. Les accents et autres signes V.- CONCLUSION VI.- BIBLIOGRAPHIE

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THÈME 11: SYSTÈME PHONOLOGIQUE ET NORME ORTHOGRAPHIQUE

0.- INTRODUCTION : «Nous passons une grande partie de notre vie à apprendre à écrire en français et (...) les plus instruits et les plus intelligents n’y parviennent qu’imparfaitement » Pierre Larousse L'orthographe française est phonologique. Elle est phonologique, et non pas phonétique : la phonétique étudie les sons exactement comme ils sont produits. La phonologie ne considère que ce qui est significatif ; par exemple, on ne s'intéresse pas aux différentes variantes du / R / en français, car leur différence n'est absolument pas productive, et ne sert pas à constituer des mots différents. Entre deux phonèmes voisins, c'est le cerveau qui fait le tri, en fonction des habitudes phonologiques de la langue à laquelle on est habitué. La langue écrite présente des différences sensibles avec la langue parlée à plusieurs niveaux, mais c’est surtout au niveau de l’orthographe que l’écart est le plus sensible et pose le plus de problèmes. En effet, les distorsions entre phonie et graphie font du français une langue difficile à écrire pour les apprenants, aussi bien natifs qu’étrangers. Dans leur processus d’apprentissage-acquisition du FLE, et dans une perspective d’acquisition d’une composante de communication dans toutes ses composantes, les apprenants découvriront au cours des différentes étapes de ESO et Bachillerato de l’importance de la différence entre la prononciation et la graphie. I - HISTOIRE DE L’ORTHOGRAPHE 1.

Origines Bien que le mot orthographe ne soit attesté que tardivement, un problème orthographique se pose dès les origines: Les Grecs avaient adopté l’alphabet phénicien, les latins l’alphabet grec de type étrusque et il était fatal que ces instruments empruntés ne traduisent qu’imparfaitement les sons des langues qu’il n’étaient pas destinés à transcrire. 2.

L’adoption de l’alphabet latin Jusqu’aux environs du XIIIème siècle, la seule orthographe concevable sera celle du latin: ceux qui savent lire et écrire le font en cette langue (les clercs). Le français est presque uniquement parlé et quand on en viendra à l’écrire, on aura recours à l’alphabet traditionnel qui était incapable de transcrire les sons du français naissant ne serait-ce que parce qu’il lui manque le e muet ainsi qu’un certain nombre de consonnes et de diphtongues. Ainsi s’explique l’incohérence de la primitive orthographe française. Pourtant, avec les années, l’orthographe française s’émancipe - pour un temps - de son modèle latin. Aux XIème et XIIème siècle, cette tendance s’épanouit dans l’action des jongleurs qui vont tirer le meilleur parti possible de l’instrument encore imparfait qui leur est transmis. 3.

L’apogée de l’orthographe française 2

Jusqu’en XIIème siècle, les chansons de gestes sont presque la seule forme de littérature écrite en langue vulgaire. Les jongleurs, constituent une immense matière épique, poèmes et plus tard cycles: ils ont un système graphique relativement perfectionné et unifié qui a influencé la langue et l’orthographe française aux XI ème et XIIème siècle. On trouve dans les manuscrits de poche une écriture phonétique dans les grandes lignes, puisque tout ce qui est écrit se prononce. Les patriciens (XIIIème-XVème siècles) Cette période a tout gâté: d’une orthographe satisfaisante on est passé à un système compliqué et illogique qui annonce très précisément le système français. Raison: le pouvoir linguistique change de mains. Ce n’est plus dans les manuscrits littéraires qu’il faut aller chercher l’explication des changements survenus dans orthographe, mais dans les écritures judiciaires ou publiques (dans l’administration). Les patriciens (fonctionnaires) se multiplient et deviennent par la suite les maîtres incontestés des écritures et par là même de orthographe. Probablement leurs patrons ne donnaient-ils guère de directives orthographiques aux scribes. Il est cependant vraisemblable que les légistes souhaitaient une orthographe régulière et nettement latiniste. Ce dont on peut douter, c’est que les scribes aboutirent à une graphie maladroitement étymologique et empirique, bourrée de lettres inutiles. 4.

4.1. Ecriture peu lisible De même que les calligraphes s’appliquent à rendre les lettres uniformes: des jambages raides et peu différenciés se suivent en longues files bien alignées; l’écriture cursive des scribes est encore bien moins lisible. Les écrivains français sont obligés d’user un certain nombre d’artifices pour pouvoir se relire. Quelques-uns sont passés dans l’orthographe française. 4.2. Différenciation des homonymes La différenciation des homonymes a été faite dans presque tous les cas et il faut reconnaître qu’elle n’était pas totalement inutile à la clarté de la langue écrite. Par exemple : cuer se scinde en coeur (cor) et choeur (chorum) 4.3. Etymologisme systématique On voit quel était le mécanisme de la différenciation qui présentait des avantages sérieux: le copiste qui écrivait rapt et non plus rat permettait au lecteur de deviner le mot latin raptus et d’éviter toute confusion. Mais il y a aussi le recours aux étymologies dans des cas moins justifiables. 4.4. L’intérêt Selon Beaulieux, il existerait une raison assez inattendue de la multiplication des lettres parasites à l’époque: l’intérêt et cela parce qu’ils étaient payés à la ligne et d’après un taux officiel. Pour détourner ces impositions, les patriciens auraient introduit un grand nombre de consonnes parasites. La latinisation de la langue française est un phénomène beaucoup plus normal qu’il n’y paraît au premier abord. Les hommes du Moyen-âge sont de véritables bilingues et le latin jouit encore d’un immense prestige: langue vivante de l’église et des lettres, elle est aussi le seul véhicule spirituel commun à toutes les élites de France. II.- LA FIXATION DE L’ORTHOGRAPHE 3

Au XVIème siècle, Robert Estienne publie le 1er dictionnaire français-latin qui décide de la victoire de orthographe traditionnelle, celle des patriciens. Au XVIIème siècle, l’Académie médite la création d’un dictionnaire uniquement français. Ménezay rédige son projet qui s’appuie sur l’oeuvre de Robert Estienne. Le résultat est donc un ouvrage conservateur qui tient compte cependant des innovations graphiques adoptées par l’usage. Ainsi, orthographe officielle du XVII ème siècle n’est pas fondamentalement différente de celle des patriciens. C’est vers la fin du siècle que P. Richelet supprime dans son dictionnaire le s intérieur non prononcé teste  tête et certaines lettres parasites (advocat  avocat), simplifie les lettres doubles (difficile  dificile) et les lettres grecques (thrésor  trésor). Mais l’Académie refuse d’emboîter le pas. Les rééditions se succèdent sans altérations jusqu’au XVIIIème siècle où l’orthographe acquiert une importance capitale: elle devient un facteur de réussite pour les jeunes gens et pour les filles le signe le plus reconnaissable de la culture... L’empire va commencer à établir orthographe: l’Université impériale le rend obligatoire dans ses programmes et dans ses examens... En 1832, la connaissance de orthographe devient obligatoire pour l’accession à tous les emplois publics. L’orthographe prend donc rapidement une place exorbitante dans l’enseignement et dans la culture du XIXème siècle. III.- L’ETAT PRESENT DE L’ORTHOGRAPHE Le trait plus marquant de orthographe française est l’abîme qui sépare ce qui s’écrit de ce qui se prononce. L’inadaptation phonético-graphique est si profonde que les savants doivent utiliser une notation spéciale pour rendre compte de la physionomie réelle de la langue française: alphabet phonétique. L’alphabet phonétique international comprend 36 signes qu’il est nécessaire de savoir manier pour réussir à transcrire les sons de la langue française: Il y a 16 voyelles et 20 consonnes. Ces 36 lettres ne suffisent pas à rendre toutes les nuances des sons français mais elles en donnent une image relativement fidèle. L’alphabet « traditionnel » comporte 6 voyelles et 20 consonnes. 1. la réforme de l’orthographe Les idées de réforme de l’orthographe ne sont pas d’aujourd’hui: Le problème ne prend de l’importance qu’avec le développement du français et il devient de plus en plus grave à mesure que s’accentue l’abîme entre la graphie et le son. Depuis quatre siècles environ, il reste toujours à l’ordre du jour. Dès 1533, avec l’aide de Clément Marot, Geoffroy Lorg, imprimeur humaniste, rédige un ouvrage de métier où sont enseignés aux imprimeurs les signes auxiliaires et les accents qui permettront certaines simplifications ultérieures. En 1542, le grammairien Louis Megret, publie le traité, dans lequel il lutte pour une écriture où chaque lettre note une “voix” (un phonème) et une seule, proposant ainsi une orthographe rationnelle. En 1548, Ervé Fayard a l'idée de distinguer u et v (ce dernier écrit comme une petite majuscule). On écrivait alors uiande pour viande ; Louis = (C)lovis. Ronsard est le véritable chef de file du mouvement réformateur, bien que modéré, ce qu’il demande va déjà assez loin: (Odes en 1550 prime l’écriture nouvelle) avec par exemple : simplification des consonnes doubles, suppression des consonnes muettes étymologiques comme le “c” de faict Ce n'est qu'en 1762 (4ème édition de son dictionnaire) que l'Académie a séparé i de j et u de v ; jusque là, les lettres étaient utilisées sans distinction, et seule la place dans 4

le mot indiquait la prononciation. Les imprimeurs pourtant faisaient souvent la distinction au XVIème siècle, mais l'usage manuscrit restait archaïque au XVIIème. Après un siècle, de flottement, dans les années 1660-1670, il y a une tendance générale à la réforme. Corneille, propose une utilisation plus judicieuse des accents graves et aigus. Par ailleurs, un facteur nouveau apparaît dans ces années là: les dictionnaires. (1694 dictionnaire de l’Académie) 1740 = officiellement, pour la première fois, une réforme est consentie et exécutée. L’abbé Olivet en est l’inspirateur et tente une demi-reforme touchant plus de cinq mille mots sur les dix-huit mille de cette troisième édition du Dictionnaire de l’Académie, par exemple: L’accent circonflexe remplace le “s”: maître, fête, on supprime les nombreuses consonnes inutiles: avocat pour advocat etc. On peut dater la stabilisation de l’orthographe en 1835: la sixième édition du Dictionnaire de l’Académie consacre l’orthographe moderne. Au fils des ans viendront quelques réformes ponctuelles. Au XX siècle, on alterne entre réformes et tolérances… Comme dates principales, retenons : René Haby, ministre de l’éducation nationale reprenant les idées et propositions de Ihimonier, publie de 28 décembre 1976 un arrêté relatif à la simplification de l’écriture du français et qui ne concerne que les examens et les concours du ministère de l’éducation. C’est un ensemble de “tolérances grammaticales et orthographiques” qui ne sont pas toujours appliquées. En septembre 1989, la publication du livre “Que vive l’orthographe!”, de Jean Claude Barbarant, tente une énième campagne pour la réforme de l’orthographe. En novembre 1990, cette campagne aboutit à l’arrêté ministériel qui confirme toutes les tolérances de celui de 1978 et prône leur utilisation. La dernière réforme date de 1990. Elle n'a pratiquement jamais été diffusée. Pourtant, peu à peu, les dictionnaires enregistrent de nouvelles graphies d'une édition à l'autre (plus de 1500 rectifications dans le Petit Robert de 1993). Cette réforme est très mesurée et pleine de bon sens : Remplacement de certains traits d'union par la soudure, en particulier dans les mots composés étrangers : portemonnaie, weekend. Simplification du pluriel de certains mots composés : des pèse-lettres. Le tréma est placé sur la voyelle qui doit être prononcée : aigüe, argüer, gageüre.etc... IV.- SYSTÈME PHONOLOGIQUE ET GRAPHIQUE Si l’on compare le système phonologique et le système graphique du français, on constate qu’il y a peu de mots dont l’orthographe reproduise la prononciation avec précision et économie. Si l’on considère les lettres, il n’y a que le j, le v et le k qui correspondent à une prononciation unique ; le b, s’il n’a qu’une seule prononciation est muet dans «plomb». Le nombre de lettres (26) est inférieur au nombre de phonèmes (34 ; 36 si l’on inclus [w] et [y]) Mais d’autres facteurs compliquent la situation. 1.- LES VOYELLES

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Comment les cinq voyelles du latin classique se sont transformées en seize du français actuel? Et comment la graphie a rendu ces nuances phonologiques? Cela n’a pu être qu’au prix d’un hiéroglyphe orthographique. -

L’opposition [a] ~[a]: est traduite généralement par les graphies “a” et “â” avec accent circonflexe ( par exemple “tache” / “tâche”). Cette opposition n’est pas très signalée à l’aide de ce signe (“table” / “fable”) et parfois même, cet accent circonflexe se trouve dans un [a] antérieur (par exemple “râteau”).

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De même l’opposition [‫[ ~ ]כ‬o]: est traduite par plusieurs graphies: “au”, “eau”, et “ô” face à “o” (“paume”, /“pomme”, “beau” /“bonne”... (Mais cette opposition n’est pas généralisée, puisqu’on prononce un [o] fermé dans « pose » et dans “notre” tout comme dans “nôtre”, alors qu’au contraire, on entend un [‫ ]כ‬ouvert, dans “augmenter” “aurore” etc.. Les graphies “peau” / “pot” sont homophones ainsi que / “sort”/ “saurt”.

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La distinction entre [oe] ~ [Ø] est marquée par la distinction graphique ente “eu” et “eû” dans “jeune” et “jeûner” mais elle n’est pas indiquée dans “veule” / “ils veulent”. D’autre part, tantôt “eu” indique une prononciation en [oe] ouvert, tantôt en [Ø] fermée: “pleur”“bonheur [oe] , ”, “feutre”, “meute”[Ø].

L’accent aigu et l’accent grave qui devraient toujours traduire l’opposition entre [e] fermé et [ε] ouvert, ne l’indique pas nettement dans tous les cas. Le [ε] ouvert est signalé non seulement par l’accent grave, mais aussi par l’accent circonflexe et par d’autres moyens comme les doubles consonnes (“terre”) ou la graphie “ai” (“paire”). C'est l'accent le plus utilisé aujourd'hui ; exemple : hétérogénéité. Introduit donc en 1530 par Robert Estienne. Il se place exclusivement sur la lettre e, pour marquer une prononciation. En principe, celle du [e] fermé. Ainsi, le [e] final : la bonté, un musée, elle a été créée. Son utilisation est le plus souvent logique. De son côté, le timbre fermé peut être figuré par la graphie “er”: “métier”, “chanter”. Comme toujours il existe des exceptions: ainsi dans certains mots la graphie “ur” se prononce [e]: queur; dans d’autres, par assimilations, la graphie, “e” se prononce [ε] ouvert: “événement”) - les nasales présentent un terrain fertile en étrangetés orthographiques. Il existe de nombreuses graphies différentes pour rendre le son [έ]: in (vin) im (timbre); ym (thym); “aim” (faim); “ein” (plein), eim (Reims), “ien” (lien). Cette diversité s’explique du fait qu’il y avait autrefois des différences assez sensibles à l’oreille entre ces sons qui ont fini par se confondre. On entendait au Moyen Age le “e” de “plein”, et la “a” de vain. En outre cette nasale usurpe le son de “an”: aujourd’hui nous prononçons “vendre” et “répandre” de la même façon, mais jusqu’au milieu du XIè siècle “vendre” se prononçait [vέdR]. Les sonorités se sont confondues peu à peu, quoique l’orthographe se soit refusée à suivre le même chemin. D’ailleurs, le fait de disposer de deux groupes “an” et “en” pour le même son a permis des spécialisations utiles dans l’ordre grammatical: la graphie “an” a etc. étendue à tous les participes présents que le “a” soit étymologique, comme dans “aimant” ou non comme dans “voyant”. Cette distinction orthographique permet de distinguer le participe de l’adjectif: “ précédant, précédent”.

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Enfin il faut ajouter que la distinction entre les graphies “un” et “in”, “ein”, “ain”... ne correspondent pratiquement plus aujourd’hui à l’opposition phonologique entre [oe] et [έ]: ainsi on prononce “lundi” et “pain” pratiquement de la même façon. 2.- LES CONSONNES Les consonnes, non plus, n’échappent pas à cette multiplicité dans l’écriture et les concurrences sonores ne font que la compliquer. Certaines lettres posent des problèmes spécialement complexes parce qu’elles regroupent plusieurs des difficultés; ce sont : Le [z] sonore est rendu tantôt par la graphie “s” intervocalique (“rose” tantôt par le “z” (gazon). Quant au [s] sourd que le latin rendait par le seul “s”, il correspond en français à plusieurs graphies: “s” (“sable”), “ss” entre voyelles (“mousse”), “sc” (“scène”) “c” (“place”), “ç” devant a ou o (“garçon”), “t” devant “ion” (“nation”). Déjà le latin avait fini par prononcer [s] dans certains cas comme pour la “t” (“nationem”) non prononcé [natsηenεm] mais [nasηenεm]. La bivalence de “g” (“galop”, / “genou”) s’explique par des considérations analogues. Le latin classique prononce uniformément le [g] sonore, le bas-latin l’achemine déjà vers le [ζ] entrant ainsi en concurrence aven le signe “j”. L’heureuse innovation du français [j] comme semi-consonne crée cependant des complications, puisque l’écriture le transcrit aussi bien par “y” que par “il” et “ll”, par exemple: “crayon”, “faille”, “avion”. Dans certains mots, la graphie “y” concurrence le “i” (hymne). Le [γ] inconnu du latin classique, mais qui s’annonce dès le bas-latin présente des exceptions dans sa prononciation qu’un étranger a bien du mal à distinguer car la graphie reste la même: montagne se prononce [mõtaγ], mais ”stagner” se prononce: [stagne]. La lettre C : Cette lettre a deux valeurs principales : [k] devant a, o, u ou une consonne, [s] devant e, i, y, ainsi que devant les ligatures œ et æ. Elle se prononce [g] dans «zinc», dans «second» et dans ses dérivés. Pour indiquer la valeur [k] devant e, i on utilise le digramme qu ou on invertit e et u du digramme eu [œ] dans «cercueil», etc.. pour indiquer la valeur [s] devant a, o, u, on met une cédille sous le c : «ça», «perçons». Quant à la lettre “h”, en dehors de son rôle dans la chantante [ζ], elle est devenue muette en français, mais, malgré cela, elle n’en continue pas moins de se présenter à l’initiale des mots sous deux formes distinctes dont l’une n’a qu’une existence graphique (l’horizon), tandis que l’autre dite aspirée, existe du point de vue de l’élision et des liaisons une interaction redoutable. Dire [dezeRo] « des héros » (avec liaison) est complètement incorrect. L’ancienne langue française utilisait très peu ou pas du tout la graphie “h”. Le “h” revient á la mode par contagion des mots germaniques, par exemple, on écrivait “homme”, après “ome”, mais le pronom indéfini “on” qui est lui aussi issu du latin “homo” reste avec la même orthographe de l’ancien français.

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Ajoutons pour terminer la lettre “x” qui est tantôt purement étymologique et muette (prix, voix) tantôt équivalente aux phonèmes [ks] (sexe), [s] (dix) [gz], (examen), [z] (dix hommes mais muette dans six livres). N’oublions pas le “x” du pluriel installé dans de nombreux pluriels du genre: chevaux, cheveux. Ce “x” provient d’une erreur de graphie qui cachait un s. Dans le cas des consonnes doubles, nous trouvons ces caractères doublés sans aucune raison phonétique (sel / selle; lasser / lacer...) La vieille langue soucieuse de phonétisme les avaient éliminées à l’exception de “er” dans des mots comme “Pierre”, “lierre”, “larron”, et des cas o la première consonne se détachait de la seconde par un son différent, par exemple, “bon-ne” avec [‫ ]כ‬nasalisé. Dès l’époque eurolingienne, elle les avait supprimées en écrivant simplement “bêle”, “flamme”... C’est l’humanisme qui, dès la fin du XIV les rétablit et même en crée arbitrairement comme dans “aller”, initiant ainsi le chaos orthographique moderne. 3.- LES LETTRES MUETTES Les mots sont littéralement émaillés de caractères qui ne se prononcent pas “vingt”, “rang”, “compter”, “court”, etc...) sans parler naturellement du [‫ ]פ‬muet. Théodore de Bère les appelait poétiquement “quiescentes” (les endormies), mais elles se réveillent parfois grâce à la liaison et on les écrit toujours. Le fait que ces lettres aient une importance grammaticale essentielle (conjugaisons) rend difficile la solution à cette situation. D’autre part, liaisons mises à part, certaines sont tantôt sonores. Actuellement, la prononciation moderne, sous l’influence de la graphie, tend à prononcer chaque fois davantage certaines lettres muettes, ainsi, nous entendons le “p” de “dompteur” chaque fois plus. Il est vrai que, pour éviter les homonymies, il est convenable de faire entendre le [t]final: [byt] ~ [by]. Mais dans l’ensemble, ces lettres conservent leur mutisme. 4.- LES ACCENTS ET AUTRES SIGNES À partir du XVIe siècle on a ajouté des signes graphiques: la cédille, par exemple, permet de rendre le son [s] devant a , o, u, (“garçon, “français”,...). -

le tréma apparaît à la même époque: sa fonction est d’isoler une voyelle en la préservant d’être fusionné avec une autre (ambiguïté / gui, Haïr / air,...) L’enrichissement de la gamme sonore des voyelles françaises rendait nécessaire pour éviter des confusions de recourir dans l’écriture à un système de signes permettant de distinguer les valeurs nulles. Le français a donc eu recours au grec pour acquérir ce que le latin ne pouvait lui fournir. -

L’accent aigu: ne peut affecter que la voyelle “e” prononcée [e] fermée (“bonté”). Mais bien des [e] fermés n’en comportant pas, notamment quand, en finale, ils sont suivis de consonnes non prononcées ( “aimer”, “les”) ou encore devant “ss” (desséchée).

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L’accent grave: marque le [ε] ouvert (“père”), mais là aussi l’accent peut faire défaut: c’est le cas devant une ou plusieurs consonnes prononcées (mer). Dans le cas des autres verbes en –eler et –eter, les formes où le “e” est ouvert sont marquées soit par l’accent grave (il gèle), soit par le dédoublement de la consonne (je jette). 8

Dans le cas des autres verbes du premier groupe où l’avant-dernière syllabe de l’infinitif présente un [‫ ]פ‬muet ou un [e] fermé (mener, céder) c’est l’accent grave qui intervient exclusivement (je mène, je cède). Cependant, par souci de conserver intacte la forme de l’infinitif, on écrit au futur et au conditionne qui en dérive: “je céderais”. Par ailleurs, certains accents graves, sans aucun retentissement sur la prononciation, servent à différencier des homonymes ( “a” et “à”, “ou” et “ou”,...) -

L’accent circonflexe marque l’allongement de la voyelle en général sur “e” mais aussi sur “a, i, o, u” (pâte, tête, rôle, île): allongement surtout compensateur, indiquant qu’une lettre a disparu, surtout le “s” (âne, par asne) mais aussi d’autres lettres (sur pour “seur”, “âme pour “anme”...). Sa valeur phonique peut d’ailleurs être nulle: le “ô”, de hôpital n’est pas allongé par l’accent, pas plus que le “i” de “épître”.

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L’apostrophe traduit dans l’écriture certaines élisions pratiquées dans la prononciation. Elle peut ainsi représenter un “a, e, i” non prononcés, mais elle n’est possible que dans des cas très limités.

L’élision ne peut porter en effet que sur les articles “le” et “la”; les pronoms “je, me, te, le, la , se, ce, que”; les mots invariables « de, ne si que » et leurs composés ( lorsque, puisque, quoique, jusque) D’autres élisions sont encore possibles avec “quelque” mais seulement dans un groupe grammatical constitué comme “quelqu’un”, il existe aussi des composés comme “entr’ouvrir, presqu’île”. Le trait d’union a une valeur uniquement grammaticale, sans influence sur la prononciation. Son emploi est devenu presque toujours facultatif, ce qui est souvent regrettable, étant donné qu’il traduisait dans l’écriture un rapport étroit entre mots que la pensée réunissait. Il s’utilise dans les mots composés (porte-manteau) et le pronom qui le précède (toi-même), dans les cas d’inversion du pronom sujet (dit-il) et lorsqu’il s’agit d’encadrer une lettre euphonique impossible à isoler (“aime-t-il) ou d’une graphie euphonique anormale (vas-y) V.- CONCLUSION Le survol rapide auquel nous venons de nous livrer a montré combien l’orthographe du français est loin d’être phonétique. Dès l’origine, le divorce s’était fait entre la prononciation et l’écriture. L’orthographe française porte donc la charge d’une double hérédité: le passé latin respect pour la langue mère et le passé de la langue française où les siècles ont marqué leur empreinte et inscrit dans l’orthographe des graphies correspondant à la prononciation d’une époque déterminée. Enfin, nous pouvons affirmer que l’orthographe française n’est pas purement phonologique. Elle est à la fois phonologique, historique, étymologique, morphologique et discriminative : phonologique, puisqu’elle donne un grand nombre de renseignements sur la prononciation. Elle est historique, puisqu’elle garde beaucoup de graphies correspondant à des états antérieurs de l’évolution. 9

Elle est étymologique, puisqu’elle contient un grand nombre de lettres qui ont été réintroduites à l’imitation du mot latin. Elle est morphologique, car elle donne des indications sur le nombre, le genre, la personne, le mode, le temps. Elle est discriminative, car elle assure la distinction graphique des homophones. Ainsi, nous pouvons conclure qu’apprendre cette magnifique langue, c’est à la fois apprendre et comprendre son système orthographique et phonologique extrêmement riches et varies, mais aussi une culture non moins riche. Pour un apprenant étranger il est vrai qu’au début l’apprentissage s’avère délicat, mais par la suite connaître les subtilités de cette langue est loin d’être une gageure. Enfin pour l’interdisciplinarité ce thème est très important car en apprentissage acquisition d’une autre langue étrangère, les apprenants pourront comparer les différences avec le Français, l’Anglais mais aussi avec leur propre langue ce qui augmentera leur faculté d’auto-correction. VI.- BIBLIOGRAPHIE -

Ch. Beaulizur, Histoire de l’orthographe française, PUF,1970 N.Catach, L’orthographe, PUF G.Galichet, Physiologie de la langue française, PUF, 1982

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