EC3 - lien social et solidarité organique.doc

Partie 3 – Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 points) En France, aujourd'hui, le lien social repose

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Partie 3 – Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 points) En France, aujourd'hui, le lien social repose-t-il seulement sur la solidarité organique ? Document 1 : Dominique(1) a travaillé pendant vingt-neuf ans dont vingt-cinq ans dans le secteur de l'animation et de la diffusion du spectacle vivant. A 50 ans, un licenciement le précipite dans le chômage. A ce moment, il ressent un soulagement, tant les conditions d'un exercice professionnel convenable n'étaient plus réunies : « Après plusieurs années de travail dans des villes éloignées de mon domicile, et de responsabilités qui ne permettaient aucune activité de loisir, j'avais envie d'être chez moi, de vivre pour moi et d'avoir du temps ». Mais, la situation allait se compliquer face au chômage qui touche, entre autres, les plus de 50 ans. Six années hors du système et très vite Dominique a eu cette sensation de faire « partie d'un autre monde », celui des chômeurs. Il se présente alors sur le plan social comme « un homme au foyer », et il pense que de nombreux hommes devront assumer, malgré eux, dans un avenir plus ou moins proche ce statut en assumant une partie des tâches ménagères pendant que leur compagne travaille. [...] Dominique, cadre supérieur du secteur culturel, s'est construit une nouvelle vie et depuis septembre 2004 : il est écrivain public bénévole. Il s'investit avec conviction dans ce bénévolat au service de personnes souvent en situation difficile. Il raconte toute l'importance du don de soi, dans une société qui ne cesse de promouvoir l'individualisme, la consommation et la concurrence. Ce bénévolat régulier donne du sens à sa vie : « Je me valorise et j'ai un rôle social, tout cela à partir de mon expérience et de mes acquis. Ma situation de chômeur m'a permis d'apprendre l'humilité. Quand on n'est plus rien, il faut savoir regarder ceux qui sont encore moins : quand je me regarde je me désole, quand je me compare : je me console. La compassion rend humble ». Source : Le bénévolat des demandeurs d'emploi, Observations et propositions, étude réalisée par Gérard BONNEFON, http://www.francebenevolat.org, mars 2008. Le témoignage de Dominique fait partie des neuf récits « Histoires au chômage » qui rassemblent les entretiens réalisés du mois de septembre 2006 au mois de mai 2007 auprès de 27 demandeurs d'emploi rencontrés pour l'étude « Le bénévolat des demandeurs d'emploi ». Document 2 : Motifs d'adhésions aux associations en France métropolitaine (en %) Raisons indiquées 2002 2010 Pour pratiquer un sport 20,6 27,8 Pour participer à une activité culturelle ou artistique 15,3 25,6 Pour défendre une cause 31,5 40,5 Pour faire respecter ses droits et ceux des autres 29,2 36,6 Pour rencontrer des personnes qui ont les mêmes préoccupations 61,7 62,7 Pour être utile à la société, pour faire quelque chose pour les autres 39,1 56,9 Pour vous épanouir, pour occuper son temps libre 47,0 57,4 Pour aider, défendre les intérêts de ses enfants ou d'autres membres 16,6 29,1 de son entourage Pour avoir accès à des renseignements ou des services 23,9 28,5 Autre raison 15,8 17,7 Lecture : en 2002, 20,6 % des adhésions étaient motivées par la volonté de pratiquer un sport. En 2010 cette motivation est avancée dans 37,8% des cas. La somme des pourcentages est supérieure à 100 % du fait des réponses multiples. Champ : ensemble des adhésions renseignées par les enquêtes. Source : « Adhésions et dons aux associations : permanences et évolutions de 2002 à 2010 », Lionel PROUTEAU. FrançoisCharles WOLFF, Économie et Statistique, n°459, INSEE 2013.

Autre problème difficile

Grosse somme d’argent

Conseil pour trouver un emploi

Soutien moral

Argent pour dépanner

Vacances enfants

Garde d’animal de compagnie

Garde d’enfant

Document 3 : Entraide familiale en France en fonction de la nature des services sollicités (en %) Au cours des deux précédentes années, avez-vous fait appel pour résoudre certains problèmes à des personnes de la parenté, des amis, des voisins, des collègues de travail ?

A demandé cette aide à 94 95 91 79 95 74 45 88 l'entourage A demandé cette aide mais pas à 6 5 9 21 5 26 55 12 l'entourage Total 100 100 100 100 100 100 100 100 Lecture : parmi ceux qui ont cherché à faire garder leur enfant, 94 % se sont adressés à leur entourage (parents, amis, voisins, collègues de travail) et 6 % ne s'y sont pas adressés (ils ont rémunéré quelqu'un ou confié à une garderie). Source : « Entraide familiale, indépendance économique et sociabilité », Économie et Statistique, n°373, INSEE2004.

Attentes Compréhension du sujet : Consignes Connaissances Lecture des statistiques Calculs Organisation de la réponse Hors-sujet

il … ? Question type d’un énoncé débat repose: est basé, fondé Lien social Solidarité mécanique Solidarité organique Lecture de part Coefficient multiplicateur Plan type d’un énoncé débat : oui, mais ou non, mais Ne pas parler de solidarité mécanique

Emile Durkheim, à la fin du XIX° siècle s’interroge sur les conséquences de l’industrialisation sur le lien social, ensemble des relations qui unissent les individus faisant partie d’un même groupe social ou d’une même société. Selon lui, le développement des sociétés modernes devrait générer une disparition de la solidarité mécanique au profit de la solidarité organique. Cependant, même dans les sociétés modernes, des liens basés sur la solidarité organique persistent.  Une disparition de la solidarité mécanique Selon Durkheim, 2 facteurs sont à l’origine de l’apparition de la Division du Travail Social, car ils créent des pressions sociales :  Le premier facteur est l’augmentation de la densité matérielle. En effet, comme le volume de la population s’accroît, la densité de population (l‘augmentation du nombre d’habitants sur une surface donnée) augmente alors. La conjonction de ces deux éléments fait que la concurrence est plus grande entre les individus, surtout s’ils utilisent les mêmes ressources naturelles. La lutte pour la vie devient plus forte. Pour éviter la lutte des plus forts sur les plus faibles, une division du travail se met en place. Comme chacun a une tâche précise, la concurrence diminue  Le second facteur est la densité morale. En effet, quand la DTS s’est développée, l’augmentation des échanges de biens et des relations de sociabilité entraîne une augmentation de la densité sociale. La probabilité de nouer des relations avec d’autres augmente. L’interdépendance des individus s’accroît. La division du travail augmente alors.  Un lien basé avant tout sur la solidarité organique Dans les sociétés modernes comme la France, la solidarité organique devient dominante. Elle est appelée ainsi car le lien social est fondé sur la différence et la complémentarité des individus comme les organes dans le corps humain. Dans ces sociétés, l’individu préexiste à la communauté, le consensus qui va générer la communauté résulte de la différence, de l’hétérogénéité et de la complémentarité des individus. Les individus se sont émancipés des contraintes imposés par la collectivité: les individus sont libres, différents et complémentaires ; ils doivent prendre conscience de cela pour concourir au bon fonctionnement de la société. Le lien social est donc basé sur la complémentarité des individus due à la division du travail. Ainsi, 26% des personnes ont demandé un conseil à une personne éloignée de leur entourage et 55% ont demandé une grosse somme d’argent (doc 3) Durkheim écrit : « Le plus remarquable effet de la division du travail n’est pas qu’elle augmente le rendement des fonctions divisées mais qu’elle les rend solidaires (.. .) Nous sommes ainsi conduits à nous demander si la division du travail n’aurait pas fonction d’intégrer le corps social, d’en assurer l’unité » .La principale fonction de la division du travail serait donc d’ordre moral : produire de la solidarité entre les membres de la société. Le droit perd alors son caractère répressif, il devient un droit restitutif qui ne recoure plus essentiellement à la punition mais à la réparation: droit commercial, droit civil. Le but est de rétablir l’ordre modifié par le crime. L’objectif est d’assurer la coexistence d’individus différenciés car la société tenant toute seule elle n’a pas besoin d’obliger les individus à se conformer à des règles précises. Les individus étant interdépendants n’ont aucune envie de sortir de la société.  Cependant, la solidarité mécanique n’a pas totalement disparu Durkheim considérait que la solidarité mécanique devait disparaitre au profit de la solidarité organique. Or la solidarité mécanique est encore présente, car la solidarité organique a des limites qui rendent indispensables en France la solidarité mécanique.





En effet, le développement de la solidarité organique crée une société qui ne cesse de promouvoir « l'individualisme, la consommation et la concurrence » (doc 1). L’individu échappe alors aux normes et valeurs inscrites dans la société. Il a le choix alors entre plusieurs options. Une plus grande autonomie de la pensée et des comportements apparaît. L’individualisme se développe. Ainsi, la plus grande partie des français qui font partie d’une association le sont pour des motifs personnels et de bien-être. En 2010, 27% des membres d’une association l’étaient pour pratiquer un sport, 25% pour exercer une activité artistique, 57% pour s’épanouir, 28% pour obtenir des renseignements (doc 2)  Or, cet individualisme a alors des effets pervers. Dans les sociétés à solidarité organique, l’individualisme et l’excès de liberté laissent les individus perdus et sans repères. Les passions issues du processus d’individuation ne sont plus contenues par les règles morales et les individus en pâtissent. L’individu souffre alors du mal de l’infini. En effet, Durkheim constate que les passions individuelles sont illimitées, qu’elles ne connaissent pas de bornes. L’individu risque donc d’émettre des désirs irréalisables, qu’il ne pourra satisfaire. Ceci engendrera un sentiment d’insatisfaction, une déception que Durkheim compare à un abîme sans fond que rien ne saurait combler. Ce sentiment est le signe de l’affaiblissement des capacités de régulation de la société qui se produit à des époques où le système moral en vigueur depuis des siècles est ébranlé, ne répond plus aux conditions nouvelles de l’existence humaine, sans qu’un nouveau système se soit encore formé pour remplacer celui qui est condamné. C’est ce que l’anomie : l'affaiblissement des normes sociales qui guident les conduites des individus. Les individus vont alors se recentrer sur des groupes de taille restreinte, où l’unité culturelle est forte : c’est une solidarité mécanique basée sur la similitude des individus. C’est ainsi le cas de « Dominique, cadre supérieur du secteur culturel, s'est construit une nouvelle vie et depuis septembre 2004 : il est écrivain public bénévole. Il s'investit avec conviction dans ce bénévolat au service de personnes souvent en situation difficile. Ce bénévolat régulier donne du sens à sa vie : « Je me valorise et j'ai un rôle social, tout cela à partir de mon expérience et de mes acquis. Ma situation de chômeur m'a permis d'apprendre l'humilité. Quand on n'est plus rien, il faut savoir regarder ceux qui sont encore moins : quand je me regarde je me désole, quand je me compare : je me console. » (doc 1) ; Ainsi, 62% des membres d’une association le sont pour rencontrer des gens qui ont les mêmes préoccupations (doc 2). Le retour à une solidarité mécanique se voit dans l’importance de la solidarité entre proches (famille /amis/voisins). 94% des personnes interrogés ont demandé de l’aide à des proches pour garder les enfants, 95% pour un soutien moral. On est donc ici dans une forme de solidarité mécanique. Les individus sont semblables, soumis à la communauté qui établit des valeurs, des règles auxquelles l’individu doit se conformer. Il a donc peu d’autonomie par rapport au groupe dans lequel il vit.

Contrairement ce qu’affirmait Durkheim au début XX° siècle, la solidarité organique n’a pas totalement disparu en France. Les effets pervers de l’individualisme poussent les individus à se recentrer sur des groupes de petite taille où ils voient clairement la solidarité. C’est une conséquence des effets pervers de l’individualisme, crainte qui pour F.de Singly est aussi ancienne que l’individualisme.